Le bureau
Présidente :
Françoise Potier
Anne-Catherine Cornec
Joohee Bourgain
Elonise
Présentation des membres
Anne-Cath
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Je m’appelle Anne Cath, je suis une adoptée sri lankaise ayant grandi en France.
J’ai eu une adoption que l’on pourrait considérer compliquée, puisque ma famille adoptive était raciste. J’ai donc coupé cette relation toxique de filiation qui me liait à elle.
Depuis que je suis enfant, j’ai toujours été en paix avec l’image de ma mère « biologique ». Je ne me suis jamais sentie abandonnée par elle. Mais je ne peux pas en dire autant de ma famille adoptive.
Grâce à mes différents parcours de vie, j’ai construit une identité forte et sereine de personne sud-asiatique et sri lankaise ayant grandi dans un contexte européen, sans que ces différentes identités ne représentent de contradictions.
Je suis accompagnée dans ma vie quotidienne mais aussi professionnelle par des personnes racisées, sud asiatiques, sri lankaises qui m’ont servi de repères, référent·es, ami·es et famille. Iels m’ont aidée dans ma construction identitaire et continuent de m’accompagner au quotidien.
Je ne conçois pas forcément l’idée de « mère » comme une simple personne physique mais comme un ensemble d’éléments liés à la construction identitaire. Ainsi, la mère peut représenter le pays, la terre, les cultures, les communautés…
Dans ma vie professionnelle, j’accompagne et je rends visible des situations de violences et d’abus vécus dans les différents systèmes de protection de l’enfance (adoption internationale, nationale, famille d’accueil, centre pour mineurs …), et plus amplement des situations de violences et racismes que vivent les populations racisées.
Elonise
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Adoptée, d’origine haïtienne, à l’âge de 5 ans par une famille française, je me suis longtemps posé de nombreuses questions concernant mon adoption. Les quelques souvenirs que j’ai gardés de mes 5 premières années de vie m’ont à la fois permis d’avoir une certaine stabilité dans ma vie, mais ont également été source de nombreuses interrogations.
Aujourd’hui, je suis parvenue à répondre à une partie de mes interrogations grâce à la bienveillance de personnes qui m’ont aidée dans mon cheminement et dans le processus de retrouvailles avec ma famille biologique. Je sais donc que ma famille biologique n’a pas fait le choix de m’abandonner mais y a été contrainte.
Même si ma famille adoptive a toujours été ouverte à la discussion concernant l’adoption, il n’était pas possible pour moi d’aborder les discussions liées à l’adoption, à l’identité, à la culture avec ma famille adoptive parce qu’il nous manquait des ressources sur ces questions. Ne pouvant pas totalement bénéficier de l’appui de ma famille adoptive sur ces questions, j’aurais aimé pouvoir m’appuyer sur une structure telle qu’AdoptEcoute lors de mes moments de doutes. C’est pour cela que j’ai décidé d’intégrer cette structure et pouvoir à mon tour soutenir les personnes qui en ont besoin.
Franca
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Je m’appelle Franca. J’ai été adoptée à l’âge de 3 ans 1/2 au Cameroun. Je suis issue d’une adoption illégale dans le sens où ma famille biologique pensait uniquement me confier à un couple de français pour m’élever et me donner de meilleures perspectives d’avenir sans savoir qu’il s’agissait d’une adoption plénière ni connaitre ses conséquences au niveau du lien de filiation. Après des années sans nouvelles, ma famille biologique m’a retrouvée mais la connexion n’a pas été innée comme une évidence. À ce jour, tout reste à construire.
Bien que chaque parcours reste unique, en tant que personne adoptée et racisée, je suis passée par un certain nombre d’interrogations, de doutes, de conflits intérieurs communs à bon nombre d’adopté·es et, bien qu’entourée de personnes aimantes, je n’ai que rarement trouvé une oreille pouvant accueillir mon histoire dans toute sa complexité.
À travers l’association AdoptEcoute, j’ai notamment la volonté d’apporter, par le biais d’une écoute active, un soutien aux adolescent·es et adultes adopté·es qui font face, dans leur parcours et construction de vie, à des difficultés pouvant engendrer un sentiment d’incompréhension, de décalage, de solitude… Cette ligne d’écoute, je la conçois avant tout, comme une bulle sécurisante pour les adopté·es au sein de laquelle leur voix et récit pourront trouver une résonance et une sollicitude dans un cadre bienveillant et dénué de jugement.
A tort ou à raison, j’ai longtemps considéré que ce monde ne me correspondait pas et n’avait aucune place de choix à m’offrir, j’ai donc décidé de me créer cette place. J’estime désormais que ni l’adoption, ni la société ne définissent qui je suis. Ma force réside dans toute ma singularité.
Joohee
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Je m’appelle Joohee, et je suis adoptée d’origine sud-coréenne. J’ai eu la chance de séjourner un an et demi dans mon pays de naissance (de 2013 à 2015). Là-bas, les rencontres que j’ai faites ont à la fois transformé et enrichi mon point de vue sur l’adoption.
Pour tout un tas de raisons, mes recherches de famille biologique n’ont pas abouti. J’ai longtemps ressenti un sentiment d’échec voire d’incomplétude que j’ai mis du temps à dépasser. Désormais, je ne considère plus le fait de ne pas connaître mes parents de naissance comme un échec. Au contraire, cela me permet d’aborder de manière plus large mon rapport à la famille, mes origines, mon identité. Je comprends toutefois ce besoin fondamental que ressentent certain·es adopté·es qui recherchent leur famille de naissance pour tenter d’obtenir des réponses et pouvoir enfin sortir de zones d’ombres inconfortables. Je suis passée par ces mêmes zones d’ombres, et j’y demeure encore d’une certaine manière. J’ai tenté ainsi de mettre en place certaines stratégies pour rendre ces zones d’ombre moins inconfortables. Le fait de récupérer officiellement mon prénom sud-coréen en 2016 en fait partie. Je ne sais pas s’il s’agit du prénom que mes parents de naissance m’ont donné, et cela m’importe peu. Car en récupérant ce prénom, j’ai voulu affirmer officiellement mon identité hybride, à la fois française et coréenne.
En tant qu’adoptée, je me suis souvent sentie démunie pour non seulement comprendre mais aussi faire face aux problématiques propres à mon identité d’adoptée transraciale. J’aurais aimé qu’une telle structure comme AdoptEcoute existe notamment au moment où j’ai commencé à me poser des questions sur mon adoption. J’aurais aimé pouvoir en discuter avec une personne empathique et bienveillante qui aurait traversé un chemin similaire au mien.
En m’impliquant dans cette association, j’espère offrir une oreille attentive aux adopté·es qui souffrent du fait d’être isolé·es ou incompris·es. J’espère rompre, ou du moins réduire, les distances qui séparent et isolent les adopté·es en créant un fil symbolique qui commence selon moi par l’écoute et la compréhension.
Nos partenaires et soutiens
• Collectif Psy NoirEs de l’ASMMC
• Sandrine Dekens
Ethnopsychologue et psychothérapeute
• CADCO
Association pour la coordination des actions pour le droit à la connaissance des origines
• Maître Pierre Verdier
Avocat spécialisé en droit de la famille et de l’enfant, fondateur de la CADCO, ancien directeur de la DDASS de la Meuse puis de la Moselle